Alors que le Premier ministre a annoncé le financement de 200 000 contrats aidés pour 2018, ceux-ci ont été transformés en parcours emploi compétences. Ils sont à présent réservés au secteur non-marchand et ciblés sur certains secteurs. Seuls les publics les plus éloignés du marché du travail, les travailleurs handicapés ou les résidents de quartiers prioritaires peuvent en bénéficier.
Que deviennent les emplois aidés ?
Baisse des emplois aidés de 30 % : les secteurs sportifs, culturels et du lien social risquent d’en être privés.
Manque de concertation
Jugés inefficaces et trop cher les emplois aidés ont diminué de 30 % entre 2015 et 2018. En effet, les contrats unique d’insertion (CUI)-contrat d’accompagnement dans l’emploi (-CAE) ou contrats initiative emploi (-CIE), ou encore les Emplois d’avenir, grèveraient le budget de l’État sans faire la preuve de leur utilité en termes d’emploi et d’insertion professionnelle, selon le Premier ministre et sa ministre du Travail. Si les acteurs du secteur non-marchand admettent que le dispositif pourrait être réformé pour gagner en efficacité, ils refusent néanmoins de le voir disparaître et s’alarment du manque de concertation du gouvernement qui n’a consulté ni les employeurs associatifs, ni même les collectivités locales avant de prendre sa décision.
Certains secteurs risquent d’être fragilisés par cette décision car ce type de contrat est particulièrement utilisé : le social et médico-social, l’animation ou l’aide à domicile. Le secteur de l’insertion par l’activité économique est également concerné. Lors d’une rencontre avec le Premier ministre et ses ministres du Travail et de la Solidarité le 21 septembre 2017, les associations de lutte contre la pauvreté ont défendus ces points.
Re-ciblage sur l'urgence sociale
Le gouvernement a apporté des précisions pour expliquer cette décision : les emplois aidés prévus pour 2018 seront exclusivement réservés au secteur non marchand et, plus particulièrement, à l’«urgence sanitaire et sociale » (pour le secteur associatif), à l’accompagnement des enfants handicapés en milieu scolaire, à l’outre-mer et aux communes rurales (pour les collectivités territoriales). Les secteurs sportifs, culturels et du lien social risquent donc d’en être privés. Autres priorités annoncées, ils ne seront plus accordés que pour les jeunes en insertion ou les chômeurs de longue durée. Le gouvernement entend s’appuyer ici sur les chantiers et entreprises d’insertion.
Autre annonce, la formation des personnes sous contrats aidés, « trop souvent insuffisante » selon Edouard Philippe, devient une obligation ferme. Les fonds du Plan d’investissement dans les compétences pourront être mobilisés, notamment sur les formations qualifiantes et la formation aux compétences de base. En attendant, les aides de l’État ne représenteront plus que 50 % du coût de l’emploi contre 75 % précédemment.
Pour tenter de reprendre langue avec les employeurs associatifs, la ministre du Travail avait confié à Jean-Marc Borello, président du Groupe SOS, une mission sur les emplois aidés. Le fondateur du Mouvement des entrepreneurs sociaux a rendu ses conclusions à la fin de l’année 2018.